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Tombe, Victor ! (10) : on fait les pédés

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-Tu sens bon !
C'est ce qu'il me dit à l’oreille, entre deux soupirs, en caressant mes cheveux, que j’ai frictionnés au Pétrole Hahn avant de partir de chez moi ; et, en même temps, sa main descend le long de mon dos, sous mon polo ; il l’introduit ensuite dans la jambe du short pour caresser ma cuisse. Il a le souffle court. Sa voix a changé. Moi, je titube légèrement, je me laisse faire, et c’est magnifique. L’odeur de la maison vide est particulière, ça sent le moisi et le ciment brut qui dort dans les sacs. Il fait frais, bien meilleur qu’au dehors ; c’est dans ce paradis que, Victor et moi, on « fait les pédés », comme il dit.
Victor s’éloigne de moi un court instant.
-Fais comme moi !
Il se déchausse, ôte sa chemise et son pantalon, qu’il pose sur un barreau de l’échelle, et je l’imite, ensorcelé.
Il porte un slip rouge, très rouge ; son sexe en dépasse comme s’il voulait s’envoler.
Victor dirige tout, général en chef de nos émotions.
-Caresse-moi.
Et il s’appuie contre l’échelle ; je m’approche et je le touche à travers le tissu, et lui aussi, maintenant, peut voir que je suis dans le même état que lui, que nos slips sont trop courts, trop étroits.
On se déplace dans la pièce, sur le carrelage sale, on se colle l’un à l’autre et on tournoie un long moment. On se retrouve contre un mur au papier peint en lambeaux. On est complètement nus, maintenant, débarrassés –par quelle diablerie ?- du seul vêtement qui restait. Victor et moi sommes scellés, soudés ensemble. Il promène une main sur mes fesses en disant « c’est doux, putain que c’est doux ! », fasciné.
Ces gestes, on ne les a jamais faits, nous ne sommes que deux garçons prêts à quitter l’enfance. Nous nous laissons guider par un je-ne-sais-quoi venu de très loin, comme si on avait tout appris de ces choses dans une autre vie, il y a mille ans.
Moi, j’ai envie de plein de trucs, mais j’attends qu’il me dise ce qu’il attend de moi, je me soumets.
Je suis son esclave, comme on en voit au Casino dans les films de Maciste avec Steve Reeves.
En vérité, Victor n’écoute que son instinct, improvise, invente. Il prend ma tête et se met à la diriger sur son torse ; je comprends qu’il veut que je l’embrasse un peu partout, doucement ; il a la chair de poule, et murmure que c’est bon, il dit « continue, c’est vachement agréable ». Il dirige ma tête vers le bas, m’obligeant à m’agenouiller. Je suis heureux d’être enfin à ses pieds, comme dans mes rêves.
Je pose mes lèvres sur son sexe. Il s’écarte aussitôt :
-Attends ! On va juter ensemble !
Et pour la deuxième fois, cramponnés l’un à l’autre comme, dehors, le lierre aux vieilles pierres, on mélange notre plaisir merveilleux et nos jutes se répandent, flaque blanche sur les tomettes rouges.
On reprend notre souffle. Victor se rhabille et, de ses chaussures, efface, sur le sol, les traces de notre amitié.
Il dit :
-J’ai une faim de loup. On va manger un pan-bagnat ?
Le pan-bagnat, c’est un pain rond dans lequel on met de la salade niçoise. J’adore ça, et aussi la pissaladière de chez Malamaci, sur le port : quand mon père est absent et que ma mère veut qu’on se fasse plaisir, je vais en chercher quatre parts, et ça fait notre déjeuner.
J’ai deux francs sur moi, ça suffit pas pour le pan-bagnat. Je le dis en rougissant à Victor.
-Allez, je fais ma b.a., je te le paye, moi, on va s’é-cla-ter !
Moi, j’exprime seulement mon angoisse :
-Dis, comment on va faire cet hiver ?
-On trouvera.
Victor m’a répondu les yeux dans le vague, comme s’il réfléchissait intensément.
Soudainement, son visage a une expression que je ne lui avais jamais vue ; un rictus déforme ses traits, l’enlaidit tout à coup :
-Et si tu veux qu’on recommence, tu fermes ta gueule, hein !
(A suivre) 
(c) Silvano Gay Cultes 2013
Si vous avez manqué le début : clic 
(il vous faudra dérouler jusqu'au numéro 1)


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